Le Zellige de Fès
Le Zellige est la forme d'art la plus typiquement marocaine. Il fait
appel à la technique forte bien assimilée de la terre cuite émaillée et
s'inscrit dans l'architecture des palais et des monuments.
Le Zellige est un produit plus spécifiquement
artisanal de par la modestie de son origine et l'habilité dont il faut
faire preuve pour le travailler. Il s'agit en fait de carreaux de terre
cuite de 10 x 10 cm recouverts d'émail et ils sont taillés manuellement à
l'aide de lourds marteaux (MENQACH) qui contraste avec la délicatesse
des pièces obtenue. Ces pièces composent ensuite un motif qui obéit aux
règles traditionnelles des tracés régulateurs, discipline répétons-le,
de tous les arts islamiques.
Une mosaïque, sûrement pas, mais d'humble petits
morceaux de faïence si bien agencés entre eux qu'ils confèrent, par la
diversité de leurs coloris et de leurs formes, une opulence épanouie est
débordante aux murs qu'ils couvrent, aux frises et aux soubassement
qu'ils composent, aux portails qu'ils habillent, aux pavements des
mosaïques, des palais, des belles demeures.
Le Zelligeur a besoin de fort peu de choses : de
l'argile, des bras et ses jambes, du soleil, une planche, un four, de
colorants minéraux, un gros marteau, et beaucoup d'habileté personnelle.
Le Zellige est un travail typiquement artisanal, qui ne pourrait être
fait à la machine, car les combinaisons de ses modestes petits morceaux
de faïence donnent une variété de dessins infinie. En effet, à la base
d'un dessin d'ensemble, le Zelligeur dispose, pour l'exécution ,
d'environ 300 modèles grâce à l'agencement des couleurs et des formes
des gabarits. Le travail du Zellige est nécessairement un travail de
groupe, chaque personne étant spécialisé dans le tracé, la coupe,
l'assemblage… etc.
Ce qui frappe lorsque l'on voit les artisans
marocains au travail sur les chantiers ou dans les nombreux ateliers de
la médina, c'est le contraste entre la sophistication de l'œuvre
accomplie et le caractère rudimentaire des matériaux et outils utilisés
qui sont simples fabriqué à partir de matériaux de récupération.
Cette déconcertante simplicité matérielle va
avec des techniques parfaitement adaptées mises au point au long des
siècles. Tout est question de savoir-faire .
Un savoir qui passe par un long et précoce apprentissage.
Traditionnellement, le métier se transmet de
père en fils, de maître à disciple, dans le secret d'atelier familiaux
où la formation débute dès le plus jeune age. La novice commence par
exécuter les taches les plus faciles tout en observant l'activité qui
s'exerce autour de lui, il passera ensuite progressivement par toutes
les étapes du métier, des plus ingrates aux plus valorisantes, avant de
devenir un maâllem qui commande à des ouvriers connaît parfaitement leur
travail pour l'avoir lui-même longuement pratiqué. Ceux que j'ai
rencontrés sont tous des gens épanouis, au regard souvent vif, rayonnant
la paix de celui qui, riche de son savoir, à la conscience d'être à sa
juste place.
Un inconvénient du mode traditionnel
d'apprentissage, dans une société qui vit de profondes transformations,
est l'absence de scolarité normale et des possibilités d'ouvertures et
d'adaptabilité qui lui sont liées.
Les maâllems n'ont en général pas été à l'école
et ne pratiquent qu'une seule langue. Ces limites ne les empêchent pas
d'être aujourd'hui encore des membres influents de la société marocaine,
formant une corporation dotée d'un pouvoir certain y compris sur le
terrain politique.
Le Zellige est utilisé pour protéger les murs
jusqu'à hauteur d'homme et son dessin est essentiellement géométrique.
Les Zelligeur marocains n'ont rien à craindre de voir divulguées leur recettes.
Les matériaux, les outils et le mode d'emploi ne
suffirent jamais tant la technique de découpe est particulière, elle
demande un coup de main que seule l'expérience, assister de l'exemple,
peut donner. Les brillantes galaxies géométriques multicolores plaquées
sur les murs, sols… des palais, des médersas, des mosquées, ou qui
habillent les fontaines de la médina sont issues de la terre.
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